Je travaille sur la dimension politique de l’espace urbain en Amérique latine, aux croisements des politiques urbaines et des pratiques citadines. Je m’intéresse actuellement plus spécifiquement à la production des normes permettant la stabilisation d’ordres urbains dans le contexte de la néolibéralisation.
De formation en Études Urbaines, je suis spécialiste du logement et des politiques urbaines dans les villes d’Amérique latine ou je travaille depuis vingt ans. Maître de conférences à l’université de Nanterre, Chercheuse au LAVUE, je mène mes recherches sur la dimension politique de la production de l’espace urbain à travers une approche pluridisciplinaire principalement autour de 2 axes : l’utilisation du cadre conceptuel de la gouvernementalité en études urbaines, en prenant pour objet l’accession à la propriété des classes populaires à Quito et Medellin ; une réflexion épistémologique sur la normativité des sciences sociales, à partir de notions comme la justice spatiale et le droit à la ville.
J’ai été amenée toute ma carrière à participer à des programmes comparatifs avec des terrains Africains (ANR JUGURTA, ANR APPI, programme DALVAA). Récemment, j’ai réalisé un travail de terrain en Ile de France (ANR POP-PART), avant d’obtenir une délégation au CNRS entre 2018 et 2020 pour développer mes recherches à Medellin en Colombie.
Après un DEUG de géographie et une maîtrise d’urbanisme portant sur les ONG et le développement local au Venezuela, j’ai travaillé dans le cadre d’un DEA « Recherches comparatives sur le développement » à l’EHESS sur les enjeux et modalités d’institutionnalisation des ONG au sein des politiques urbaines dans une perspective comparative entre deux pays de la zone andine.
Après mon DEA, j’ai élargi mes recherches aux autres éléments du discours sur la « bonne gouvernance » élaboré dans les années 1990 : en plus du rôle institutionnalisé des ONG, il s’agissait d’analyser concrètement les effets du recours au secteur privé, de la décentralisation et de la participation « populaire » sur les dispositifs d’action publique en milieu urbain.
J’ai pour cela étudié le cas des politiques publiques d’habitat mises en place sous l’égide de la Banque Interaméricaine de Développement (BID) en Equateur tant au niveau national que local, en me centrant sur l’exemple de la capitale, Quito.
A la suite de ma thèse, j’ai été recrutée comme post doctorante par le Laboratoire Gecko, pour poursuivre mes recherches en explorant le concept de justice spatiale. La permanence et la croissance de la part de population insuffisamment solvable pour accéder aux principales ressources urbaines, et la dimension territoriale des inégalités mises en évidence par mon travail de thèse, m’ont en effet incitée à étudier de manière plus approfondie la question des politiques urbaines sous l’angle de la justice.
La mise en perspective de cet aspect de mon travail avec d’autres approches et terrains d’études africains, dans le cadre de l’ANR JUGURTA « Justice spatiale, gouvernance et territorialisation dans les villes du Sud » m’a permis d’engager une réflexion plus large sur la (re)production des inégalités en milieu urbain et sur le discours des acteurs les justifiant ou les dénonçant sur la base de leur caractère juste ou injuste, faisant référence à différentes approches de la justice (Rawls, Sen, Young etc.). Plus généralement, j’ai pu relire et enrichir mes questionnements sur la gouvernance urbaine développés au sein de ma thèse à la lumière des théories formulées depuis une dizaine d’années autour des notions de néolibéralisation et de state rescaling principalement par les courants néo-marxistes anglophones.
En septembre 2010 j’ai rejoint la direction scientifique du GRET, une Ong de développement française qui mène à la fois des activités de recherche et des actions de développement afin d’élargir ces réflexions en les enrichissant d’une approche socio-anthropologique dans le cadre d’un questionnement sur la construction des politiques publiques de développement. J’ai pu y acquérir de nouvelles compétences en cherchant également à promouvoir l’articulation des sphères académiques et opérationnelles dans la réflexion sur le développement.
Entre 2013 et 2018, j’ai poursuivi mes recherches sur la dimension politique de la production de l’espace urbain dans le cadre d’une réflexion collective qui a donné lieu à un programme de recherche intitulé « Repenser le droit à la ville depuis les villes du Sud ». Au sein de l’axe « Normes et contraintes dans les pratiques d’occupation de l’espace urbain », j’ai travaillé sur les pratiques quotidiennes actuelles des vendeurs informels, issues du processus de rationalisation du commerce de rue opérée dans le cadre de la politique de régénération du centre historique de Quito depuis la fin des années 80.
J’ai obtenu une délégation CNRS entre 2018 et 2020 à Medellin, rattachée à l’Institut Français d’Etudes Andines (IFEA) et au Centro de Estudios de Habitat Popular (CEHAP) de l’Université Nationale de Colombie à Medellin. J’ai pu y développer un projet de recherche intitulé « Néolibéralisme et construction de citoyennetés urbaines : l’accès au logement des classes populaires à Medellin », qui consistait à interroger la manière dont la gouvernementalité néolibérale construit des formes de citoyenneté urbaine via les politiques d’accès au logement, en analysant leur influence sur les processus de subjectivation politique des accédants. Ce travail, actuellement en cours de valorisation, s’inscrit dans le cadre d’une réflexion plus théorique sur les apports, pour les études urbaines, d’une approche foucaldienne du pouvoir centrée sur le concept de gouvernementalité.
1. Mots-clés
Politiques de l’urbain, droit à la ville, justice spatiale, pouvoir, Métropoles andines, logement, habitat populaire.
2. Programmes de recherche
2023-2025 : Urbanités Politiques « Mobilités résidentielles et approche intergénérationnelle de l’habiter en ville » financé par le Labex Dynamite (Sar-Dyn).
2018-2020 : « Néolibéralisme et construction des citoyennetés urbaines : l’accès au logement des classes populaires à Medellin » dans le cadre d’une délégation au CNRS à l’Institut Français d’études Andines (IFEA), en affectation au centre de recherches sur l’habitat populaire (CEHAP) de l’université Nationale de Colombie à Medellin.
2017-2020 : ANR POP-PART dirigée par Marie-Hélène Bacqué (Mosaïques-LAVUE)
2013-2017 : « Repenser le Droit à la Ville depuis les villes du Sud » financé par le programme « Emergence » de la ville de Paris, coordonné par Amandine Spire et Marianne Morange (CESSMA)
2010-2014 : ANR APPI Une action Publique Eclatée, production et Institutionnalisation de l’Action Publique dans les secteurs de l’eau potable et du foncier (Benin, Niger, Burkina Faso), responsables Catherine Baron (LEREPS) et Philippe Lavigne-Delville (GRED)
2008-2012: ANR JUGURTA Justice Spatiale, Gouvernance et Territorialisation dans les villes du Sud, dirigé par Philippe Gervais-Lambony (Mosaiques-LAVUE)